Les salons d'autrefois : xviie ou xviiie siècle ?
3 Bassanville, op. cit., p. v.
Les Salons d'Autrefois ! – ces deux mots ne vous semblent-ils pas tous remplis de mélancolie, n'évoquent-ils point devant vous les gracieuses images d'un passé à jamais évanoui ? La magie du souvenir ne fait-elle point passer et repasser devant vous, les fleurs dans les cheveux, l'éclair aux yeux, le sourire aux lèvres, ces belles créatures, les femmes de l'ancienne France, produits exquis d'une civilisation raffinée, que l'Europe admirait et nous enviait ?3
Un discours sur les salons appelle presque nécessairement un discours sur le passé mais l'appelle assez librement, tant est grande la plasticité des images et des usages des salons d'Ancien Régime. Certains y voient des lieux égalitaires, d'autres des annexes de la cour, certains les disent littéraires, d'autres mondains et futiles, certains les pensent critiques et philosophiques, d'autres encore conformistes ou libertins. La diversité des représentations du salon se prête à des évocations très diverses du passé. Au demeurant, de quel passé s'agit-il ? Les salons d'autrefois sont-ils identifiés à un Ancien Régime indistinct, à un siècle plutôt qu'à un autre ? Si les salons jouent un rôle dans l'invention du xviie siècle, quelle place occupe le xviie siècle dans la mémoire des salons ? Le souvenir des salons du xviie et du xviiie agit-il de la même manière ? Quel xviie siècle est-il attaché à l'évocation des salons ?
2Il ne s'agit pas ici d'écrire l'historiographie du salon du