Les sens du mot "sujet"
en grammaire ; en logique, le sujet est ce à quoi est attribué un prédicat ; en métaphysique : le sujet est l'être réel doté de qualités et qui produit des actes.
Le sujet est à la fois ce qui est objet de la pensée et de la connaissance (on dit un sujet de dissertation) et le support de certaines autres réalités (actes, conscience, perception, droits, etc.).
Le présent article traite de ce dernier sens, bien que tous ces sens soient liés au point que l'on puisse faire la critique du sujet en l'assimilant à un être purement logique voir à une fiction logique, fiction elle-même dérivée d'une habitude grammaticale trompeuse : par exemple, le fait de dire je dans une phrase ne serait en aucun cas la preuve que nous sommes un item auquel on prédique une qualité.
Une conception générale
L'une des conceptions les plus influentes de la philosophie occidentale moderne est que le sujet est dans l'identité de la conscience à travers le temps et dans la saisie immédiate de soi par soi en tant qu'étant. Cela fait deux thèses problématiques :
l'identité du sujet : peut-on penser un sujet qui ne soit pas identique ? La non-identité n'est-elle pas la négation de l'idée de sujet ? Le sujet peut-il exister dans le temps ? la conscience de soi : cette conscience veut-elle dire que nous nous connaissons en tant que sujet ? L'idée de sujet n'est-elle que l'objet d'une croyance ?
Cette conscience fait la synthèse entre le sujet en tant que propre (ou moi-même en personne, le fait que j'existe) et sujet de la connaissance (sujet qui connaît, qui se représente et ce que je suis).
Le sujet, chez Descartes par exemple, est le ce pour quoi ou pour qui il y a une représentation, et donc également ce pour quoi ou pour qui il y a connaissance, y compris connaissance de soi-même. C'est là la racine de l'idéalisme moderne : le sujet est pensant, connaissant et, se sachant connaissant (identité du je), il existe