Les sens peuvent-ils suffire à nous procurer toutes nos connaissances.
Si, d’une part, par « connaissances », nous entendons tout ce dont nous « avons connaissance » (et pas seulement connaissance objective et scientifique), tout ce dont nous avons un savoir quelconque, ce que nous n’ignorons pas (comme on dit : « avoir connaissance de… » ou « avoir eu connaissance de… », pour signifier qu’on en a peut-être seulement entendu parler, ou qu’on l’a vu représenté), quels que soient le mode, la nature, la qualité, la sûreté de cette connaissance (indépendamment de son degré de vérité) ; et si, d’autre part, par « sens » (ou « sensibilité »), nous entendons la fonction de notre esprit qui nous met en présence et en relation directe et sans intermédiaire avec les réalités du monde, nous les fait constater et enregistrer passivement, sans rien y ajouter, sans rien y mettre de nous-mêmes (de notre subjectivité), c’est-à-dire, peut-on par conséquent espérer, selon leur objectivité,