Les sommets de l'etat
Cet essai se propose d’étudier précisément l’Etat en France, cette spécificité nationale, celui que l’on nomme parfois « l’Etat fort à la francaise » . Pour ce faire, Pierre Birnbaum analyse empiriquement le personnel détenant « les sommets de l’Etat » et distingue ainsi différentes périodes historiques, se caractérisant par une fusion ou une dissociation des pouvoirs politique, administratif et/ou économique.
Introduction : En partant du principe selon lequel l’action de l’Etat dépend, du moins en partie, du personnel qui le constitue et qui agit en son nom, Pierre Birnbaum entreprend ici une analyse du personnel politico-administratif afin de déterminer la nature de l’Etat, selon la période historique étudiée. Il s’agit donc d’étudier la « classe politique francaise », c’est-à-dire le personnel politique (ministres, parlementaires…), le personnel « administratif » (haute administration) et leurs relations, mais aussi les liens de cette classe politique avec les acteurs économiques dominants, afin de comprendre la mise en œuvre des décisions de l’Etat.
La classe politique francaise semble à première vue présenter une grande hétérogénéité entre 2 catégories, les professionnels de la politique et les hauts fonctionnaires. Ces deux catégories ont cependant, dans l’histoire de France, « entretenu des relations de nature différente qui vont de la franche hostilité à la fusion quasi complète ». Ainsi étudier empiriquement l’homogénéité ou l’hétérogénéité, la fusion ou l’éclatement de l’élite politico-administrative aux sommets de l’Etat, c’est étudier la cohésion de l’Etat, l’unité de l’Etat ainsi que la question de son autonomie fonctionnelle, autrement dit de son indépendance.
Certains le pensent comme un instrument doué d’une volonté propre, d’autre comme un simple instrument au service de la classe économiquement dominante. Or, pour