les tombeaux de mallarme
Les « Tombeaux » de Mallarmé
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Les « Tombeaux » de Mallarmé
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Abréviations :
P : Poésies, Gallimard, Poésie, 1992
D : Igitur. Divagations. Un coup de dés, Gallimard, Poésie, 2003
C : Correspondance. Lettres sur la poésie, Gallimard, Folio Classique, 1995
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(Car le tombeau toujours comprendra le poète)
Il y a, dans l’œuvre de Mallarmé, de nombreux textes commémoratifs, autant parmi les Divagations que dans les Poésies. Le plus emblématique de tous, certainement l’un des poèmes les plus célèbres de Mallarmé, est sans doute le « Toast funèbre » dédié à Gautier.
Outre le « Toast funèbre », on trouve dans les Poésies un cycle de six sonnets commémoratifs 1, les trois « Tombeaux », à Poe, Baudelaire et Verlaine 2, deux
« Hommages », à Wagner et Puvis de Chavannes, puis « Au seul souci de voyager », sur
Vasco de Gama. Les trois « Tombeaux » ont un ton résolument funèbre, à la différence des
« Hommages ». Le poème dédié à Puvis de Chavannes est composé du vivant du peintre :
« Par avance ainsi tu vis / Ô solitaire Puvis / de Chavannes » ; celui qui rappelle la gloire de
Vasco semble s’adresser moins proprement au navigateur que, comme le dit clairement le vers initial : « Au seul souci de voyager ». La métaphore maritime est coutumière de
Mallarmé, du liminaire sonnet « Salut » des Poésies, au Coup de dés, on ne s’étonnerait pas que l’aventure de Vasco soit évoquée comme la métaphore de l’aventure poétique : c’est le voyage qui compte, perpétuel dépassement (« voyager / Outre ») d’un idéal que signifient l’« Inde splendide et trouble » et l’« inutile gisement ». Enfin, le poème dédié à Wagner, dont l’obscurité ne facilite pas une interprétation claire. Mais on peut y lire en tous cas l’apothéose du « dieu Richard Wagner irradiant un sacre », presque contre la poésie, puisqu’il s’agit d’« enfouir » le « grimoire » dans une « armoire » dans le second quatrain 3. Mallarmé, en tous cas, n’y parle pas de la mort de