Les trois singes
Nuri Bilge Ceylan raconte ici l’histoire d’un père de famille qui va se faire accuser d’un accident de voiture, et donc d’un meurtre, pour éviter à son patron un scandale politique. Ce qu’il y a de différent ici, c’est que l’intrigue n’en est pas une. On sait très rapidement quels sont les non-dits, sur quoi repose le mensonge, et qui sont les personnages concernés. Mais finalement cela n’a aucune importance, la progression dramaturgique se fait dans la psychologie de ces humains sublimés par le metteur se scène. C’est cet espèce de quatuor composé d’un père, d’un fils, d’une mère et d’un outsider qui va évoluer tout au long du film. Chacun dans son enclos mental, tentant de trouver comment s’en sortir blanchi, soit en essayant de protéger les autres, soit en ne pensant qu’à sa tranquillité personnelle. Mais le dialogue n’existe pas, les Hommes ne se parlent pas. Par peur de faire du mal, ou peur d’avoir mal. Tous agissent selon leurs propres convictions. Mais dans cette famille déconstruite, on cherche simplement un peu de bonheur et de paix. Les comédiens, tous d’une justesse impressionnante transpercent le récit et l’alimente d’une aura quasi surnaturelle. Peut être un prix d’interprétation à décrocher. Le réalisateur a ici tenté d’apporter sa vision du mensonge, de la vérité et des rapports humains à travers un film somptueux, à la fois sombre et lumineux, pessimiste et optimiste, à la mise en scène sobre et précise.
Ce qui frappe en premier lieu est bien entendu la qualité esthétique du film. Comme pour son dernier film, Les Climats, Nuri Bilge Ceylan s’est muni d’une camera Haute Définition et d’un matériel sonore à la pointe de la technologie. L’utilisation de la HD a permis un travail de