Les troyennes
Autour d’Hécube, vieille et misérable reine déchue dont tout en elle – gestuelle, paroles, actes, chants – invite au pathétique, gravitent deux autres figures de femmes blessées : Cassandre, incarnation des lois divines transgressées par des hommes peu scrupuleux, et Andromaque, jeune princesse et mère qui n’entrevoit que la mort comme libération de ses maux.
L’enchaînement des souffrances entraîne le questionnement qui plane sur la plupart des tragédies grecques : qu’en est-il de la part de responsabilité humaine et divine ? Les avis des personnages sont partagés. Si les dieux représentent la cible idéale pour se délester d’une faute, ils sont fréquemment accusés à tort : les hommes ne doivent en effet bien souvent leurs misères qu’à leurs propres actes. Mais surpassant tout cela, une force supérieure régit l’existence humaine : le destin de l’homme le rattrape immanquablement, et certaines lois éternelles comme celle de la métabolè (l’enchaînement de périodes heureuses et malheureuses) ne peuvent être évitées.
Au-delà de sa dimension pathétique, la pièce constitue un vigoureux plaidoyer contre la cruauté et l’iniquité des actes des vainqueurs, ces derniers allant jusqu’à commettre des impiétés de telle nature que les dieux mêmes décident de se liguer contre les armées hellènes. Le portrait des Grecs en