les types d'amour
Les sentiments gouvernent le monde, ce n’est un secret pour personne. Et l’amour sur quoi repose toute relation est l’un des plus présents et des plus importants. Le père Goriot en offre une exploitation intéressante, étant donné que c’est la problématique de l’histoire qui s’y déroule. Remarquons que le mot et ses dérivés est présent 214 fois, dont le verbe « aimer » conjugué 140 fois. « L'amour à Paris ne ressemble en rien aux autres amours », dit Eugène de Rastignac. Cette affirmation suffit pour montrer l’importance de ce thème dans le roman, et la nécessité de l’étudier pour comprendre le roman. Le travail d’exploitation que nous proposons s’intéressera dès lors aux types d’amours qui se manifestent dans le roman, au rôle qu’il joue, à la conception de l’amour au 19ème de l’auteur et à l’écriture de ce thème. I. Les types d’amour 1. L’amour filial Il s’agira surtout de cet amour que se vouent les personnages ayant des liens de parenté. L’amour est fondement de la famille, nul ne peut en douter, et cela justement en partie le fait que le père Goriot a toujours ce mot « amour » au bout des lèvres. En effet, l’amour de Goriot pour ses filles est légendaire, car il ne vit que pour et par cet amour. Cet amour paternel est même, à la limite, bizarre, puisque les personnages de la pension sont allés jusqu’à croire que ses filles étaient ses copines. Encore qu’on peut même soupçonner le père Goriot d’inceste « refoulé ». Aussi le narrateur peut-il dire que « Le dévouement irréfléchi, l'amour ombrageux et délicat que portait Goriot à ses filles était si connu ». Et aussi « Il avait donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour ». Cet amour est permissif, il pardonne tout, aussi occasionne-t-il l’exploitation, la ruse, la tricherie et la trahison. L’amour qu’il portait à sa fille est ainsi la cause de ruine, et pire le père n’a jamais eu en retour l’amour qu’il avait offert.
Eugène a de la chance, en sera-t-il de même pour ses sœurs ?