Les valets dans les liaisons dangereuses
Les aristocrates sous l’Ancien Régime ne pouvaient vivre sans une nombreuse suite de valets et de soubrettes. Ils avaient besoin d’être constamment aidés pour se vêtir, manger, sortir, se déplacer… et expédier ou recevoir leur courrier ! Il est donc normal que le roman comme le film Les Liaisons dangereuses leur donne une place importante. Ils sont tout d’abord des véritables personnages de comédie qui s’inscrivent harmonieusement dans des œuvres jouant sur leurs liens avec le théâtre. Mais ils incarnent également une certaine dénonciation sociale, tout comme ils reflètent, à l’instar de ce qui se passe chez leurs maîtres, une terrible inégalité entre les hommes et les femmes.
« Vous connaissez mon Chasseur, trésor d’intrigue, et vrai valet de comédie » (l.15)
Des personnages de comédie, comme leurs modèles de la Commedia dell’arte, repris déjà par Molière au XVIIè et par Beaumarchais dans Le barbier de Séville 1778 ou, plus tard, Le mariage de Figaro (pièce créée, finalement, après des années de censure, en 1784, mais qui avait donné lieu à des lectures publiques auparavant. Laclos avait certainement connaissance du texte de Beaumarchais lors de la rédaction des Liaisons, et pour Frears, bien sûr, le problème ne se pose pas !). Les valets sont, comme au théâtre, des confidents et des complices. Ainsi, Azolan entretient-il avec son maître, le Vicomte de Valmont, des relations similaires à celles qui lient Dom Juan et Sganarelle, par exemple (Azolan n’est pourtant pas naïf, contrairement au valet de DJ). Azolan est au courant des conquêtes de son maître, qu’il facilite à l’occasion, des ruses dont use Valmont pour séduire et/ou duper la présidente : ainsi, dans le film, le voyons-nous tenter de ralentir la marche enthousiaste de Michelle Pfeiffer pour éviter qu’elle ne rencontre Emilie chez son amant ! Il l’accompagne partout ou presque, se rend à Paris pour jouer l’espion, rend compte de ses diverses enquêtes,