Les vanités
David Bailly (1584-1637)
Vanité aux portraits, 1620, huile sur bois, 90 * 122 cm.
Stedelijk Museum « De Lakenhal », Leyde.
Première touche
U
n jeune homme nous accueille du regard. Confortablement assis, une baguette à la main, comme pour mieux nous montrer tout ce qu’il y a à voir : il nous attendait. C’est lui qui va faire la visite tant il est vrai que cette profusion d’éléments disposés sur la table nécessite explication… Et s’il s’apprête à nous faire la leçon, c’est qu’un tel tableau est comme un jeu de pistes : regarder ne suffit pas, chaque élément concourt à l’élaboration d’un sens qui ne prend corps que si l’on prend le temps de tout interpréter. Assis à gauche, l’homme nous fixe d’un regard déterminé, qui exige que nous nous soumettions à son injonction. Il tient de sa main gauche un petit portrait. Ses deux bras semblent circonscrire l’espace. Relayés par les arêtes de la table et par la baguette, ils désignent tout ce que nous devrons observer correctement. L’arête du mur, presque centrale, crée un volume en profondeur et divise le tableau en deux parties. A gauche, un univers marqué par les arts : la peinture – une palette est suspendue au mur ; le dessin d’un joueur de luth reproduit l’œuvre du célèbre artiste contemporain Frans Hals – et la musique – un luth est, comme on l’a vu, dessiné ; une flûte est posée sur la table. A droite, cette table où s’exposent les vanités du monde. Le portrait tenu par la main gauche du personnage est la clé du tableau : masquant le bas de l’arête du mur, il fait le lien entre les deux parties de l’œuvre et redouble la représentation du jeune homme assis, par son regard plus grave encore. Tout est fait pour que nous associions les deux images, celle représentée sur la toile et ce tableau dans le tableau : même posture du personnage, même costume, même type de coiffure. C’est certainement le même homme, vingt ou trente ans plus tard. Autrement dit, que nous montre le tableau ? Un jeune