Les limites de la fiction, l'homme et le cinéma
Revue française d’anthropologie
175-176 | juillet-septembre 2005
Vérités de la fiction
Les limites de la fiction
Nathalie Heinich
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/lhomme/29504
DOI : 10.4000/lhomme.29504
ISSN : 1953-8103
Éditeur
Éditions de l’EHESS
Édition imprimée
Date de publication : 15 octobre 2005
Pagination : 57-76
ISBN : 2-7132-2035-1
ISSN : 0439-4216 Référence électronique
Nathalie Heinich, « Les limites de la fiction », L’Homme …afficher plus de contenu…
En revanche, s’il parvient à se détacher du second cadre primaire (le camp de concentration, référent du film) pour investir le premier (la salle de cinéma, où il est présent à titre de spectateur et non de victime réelle, potentielle ou symbo- lique), et s’il consent à « jouer » avec les personnages du film, investissant le rôle des protagonistes du jeu (mode ludique et fabrication), voire de l’auteur du film et des choix cinématographiques qu’il a été amené à faire (mode esthétique), alors il y a toutes chances que l’opposition à cette fiction s’apaise au profit d’une appréciation et d’une approbation.
C’est, bien sûr, le degré de proximité ou de distance avec l’un ou l’autre des …afficher plus de contenu…
Pouvoir suspendre provisoirement le sentiment de la réalité et le réintroduire à volonté sont une fonction essentielle de l’esprit humain, une sorte de respiration de sa vie psychique » (2002 : 16) 14.
Mais pour accepter cette « irréduction » de la fiction à l’un ou l’autre de ses deux pôles – le réel, l’imaginaire –, il faut se déprendre du logicisme, consistant à considérer que tout ce qui n’obéit pas aux règles de la logique formelle est forcé- ment faux, ou illusoire. Or la logique de l’expérience vécue implique la coexis- tence des contraires beaucoup plus souvent que leur exclusion, comme la pratique des sciences de l’homme ne cesse de nous l’enseigner.
La fiction comme imaginaire partagé : par-delà la réduction