Les virilles de la vigne
LES VRILLES DE LA
VIGNE
(1908)Table des matières
A propos de cette édition électronique du groupe « Ebooks libres et gratuits »LES VRILLES DE LA
VIGNE
Autrefois, le rossignol ne chantait pas la nuit. Il avait un gentil filet de voix et s’en servait avec adresse du matin au soir, le printemps venu. Il se levait avec les camarades, dans l’aube grise et bleue, et leur éveil effarouché secouait les hannetons endormis à l’envers des feuilles de lilas. Il se couchait …afficher plus de contenu…
La chatte grise n’ignore pas qu’il neige, et depuis le déjeuner je n’ai pas vu le bout de son nez, enfoui dans le poil de son ventre.
Encore une fois me voici, en face de mon feu, de ma solitude, en face de moi-même… Une année de plus… À quoi bon les compter ? Ce jour de l’An parisien ne me rappelle rien des premier janvier de ma jeunesse ; et qui pourrait me rendre la solennité puérile des jours de l’An d’autrefois ? La forme des années a changé pour moi, durant que, moi, je changeais. L’année n’est plus cette route ondulée, ce ruban déroulé qui depuis janvier, montait vers le printemps, montait, montait vers l’été pour s’y épanouir en calme plaine, en pré brûlant coupé d’ombres bleues, taché de géraniums …afficher plus de contenu…
Qu’entre cent chats, elle témoigne, un jour, en ma faveur, cette chatte errante et affamée qui se heurtait, en criant, à la foule que dégorge, le soir, le métro d’Auteuil. Elle me démêla, me reconnut :
« Enfin, toi !… Comme tu as tardé, je n’en puis plus… Où est ta maison ? Va, je te suis… » Elle me suivit, si sûre de moi que le cœur m’en battait. Ma maison lui fit peur d’abord, parce que je n’y étais pas seule. Mais elle s’habitua, et y resta quatre ans, jusqu’à sa mort accidentelle. Loin de moi de vous oublier, chiens chaleureux, meurtris de peu, pansés de rien. Comment me passerais- je de vous ? Je vous suis si nécessaire… Vous me