Letranger
Le nom de Meursault n'est, semble-t-il pour Camus, que l'association de mer et de soleil. Mais il n'est pas nécessaire pourtant d'aller si loin pour s'apercevoir de l'importance du soleil: le passage ci-dessus est tout entier marqué par la puissance du soleil.
Cette puissance est d'ailleurs telle que l'événement raconté semble secondaire, soulignant le paradoxe du roman dont le récit au premier plan cède la place à un récit plus profond, mais qui à travers un ensemble de symboles, ouvre la voie à une autre réalité, celle du monde de Camus et de ses significations.
1.
LE RECIT.
Un texte narratif :
on y trouve en effet l'évocation d'événements qui se succèdent chronologiquement :
le constat de l'échauffement du goudron lié à la force croissante du soleil le regard en arrière de Meursaul la disparition constaté de Pérez la découverte de Pérez en train de couper à travers champs le retour de Pérez, au tournant de la route.
on constate aussi une dimension descriptive liée à l'utilisation d'éléments soulignant la durée comme les verbes (être, verbe d'état, x 3) le temps
(imparfait : semblait, le convoi marchait, c'était, l'éclat du ciel était, enfonçaient, laissaient, semblait, j'étais,troublait) et des adverbes qui traduisent une durée : "c'était toujours"
"je ne l'ai plus aperçu" une expression vague : "à un moment donné"
Comme souvent dans un texte descriptif, l'auteur use d'images, de métaphore :
métaphore liquide : la campagne est gorgée de soleil ( la terre serait habituellement gorgée d'eau après une pluie), le goudron devient une
"boue noire", un goudron gluant; et, plus loin, on évoque une nuée (nuage anonciateur souvent de pluie)