Lettre 81
I) Un apprentissage autodidacte et rigoureux
C'est à mi-chemin entre la science et l'art que Madame de Merteuil crée son personnage de libertine.
a) Une méthode scientifique, inspirée des Lumières – champ lexical de la raison et de la science: « profondes réflexions », « observer et réfléchir », « curiosité », « m'instruire », « je m'étudiais », « chercher », « j'observais », « l'expérience m'a appris », « la science que je voulais acquérir ». Apprentissage de la lucidité sur soi et sur autrui. Discernement entre les apparences et la réalité. Sa démarche quasiscientifique (observer, réfléchir, expérimenter) et sa volonté de connaissance de l'homme font de la marquise l'héritière des penseurs matérialistes et sensualistes des Lumières.
b) Un art de la feinte Dissimuler et simuler: deux autres armes pour percer les masques des autres sans jamais se « laisser pénétrer ». Feignant d'être « étourdie ou distraite » pour mieux observer et écouter. Elle s'exerce à contrôler ses expressions et ses émotions jusqu'à maîtriser un parfait dédoublement. Par sa volonté et son esprit Merteuil cherche à modeler son corps et ses sentiments comme un artisan ou un artiste transforme la matière: « je suis mon ouvrage », « guider les miens à mon gré », « prendre à volonté ce regard distrait », « je m'étudiais à prendre l'air de la sérénité », « je me suis travaillée ». Travail de dédoublement, contrôle des réactions corporelles et émotives comparables à l'art d'un comédien.
II) Une recherche acharnée de la toute -puissance
La « science » que cherche à acquérir la marquise est un moyen au service de sa fin véritable: le pouvoir absolu sur soi et sur autrui.
a) la maîtrise de soi Puisqu'elle est elle-même son « propre ouvrage », Mme de Merteuil veut exercer une souveraineté absolue sur son corps, son coeur et son esprit. Champ lexical du pouvoir et de l'autocontrôle: « je me suis prescrites », « je suis mon