Lettre (ecriture d'invention)
5 rue des Capucines
33 BORDEAUX
THIBAULT Jacques 13 rue des Acacias 75 PARIS
A Bordeaux Le 1er Août 1914,
Mon Cher Jacques,
Je t’écris aujourd’hui non pas pour te donner de mes nouvelles, mais pour te parler de cette pandémie qui nous menace : la guerre. Bien des villes et des kilomètres nous séparent, pourtant tu restes celui qui me comprend le mieux.
Je viens de lire le journal, et je crains qu’il ne faille s’attendre au pire. La guerre nous guette. Elle me hante. Aujourd’hui, je me suis réveillé dans les bras de ma femme et j’ai pris le temps de m’occuper de mon cher fils : Jean. Mais qu’en sera t’il demain ? Bientôt, les pères, les frères, les cousins seront arrachés à leur famille, n’ayant pour seuls remèdes que leurs souvenirs et leurs espoirs. Des fantômes commencent déjà à occuper les vieux vêtements de civils, gardés précieusement dans l’armoire. L’angoisse s’installe dans les regards. La mobilisation est proche.
Jacques, je refuse de me soumettre à ces gouvernants égoïstes, qui prétendent à la gloire et la victoire en échange de nos vies. Ces dirigeants pour qui nous ne sommes que des pions qu’ils déplacent sans état d’âme, sans scrupule ni remord, sur l’échiquier de leurs ambitions personnelles. Nous n’avons pas à payer le prix des décisions nationales et fermer les yeux sur ce qu’il va se passer, ce massacre qui nous attend… Car, quoi qu’il advienne, nous sommes perdus…perdant.
Mon fils commence tout juste à faire ses premiers pas. Son sourire me donne chaque jour un peu plus de courage. Notre vie est devant nous, c’est ce qu’il me plait de croire. Nous sommes innocents et ne méritons pas de finir la face dans la boue et le torse criblé. Non ! nous ne le méritons pas ! Je rejette aussi l’idée d’ôter la vie à des hommes, nos présumés ennemis qui, eux non plus, n’ont pas voulu cette guerre, qu’ils subiront tout autant que nous. Tout comme nous, ce sont des pères, des