Lettre Ouverte Contre la Tour Eiffel
Introduction :
Dans un contexte marqué par la crise boulangiste, le gouvernement de la IIIème République entend faire du centenaire de la Révolution française un prestigieux hommage républicain. C’est pourquoi l’Exposition universelle de 1889 (qui est la 4e se tenant dans la capitale française), en mettant Paris sous les yeux de la communauté internationale, se doit d’être la célébration de la grandeur de la France républicaine comme puissance économique, politique et culturelle. Pour cela, il faut que les Français se dotent d’un symbole pouvant incarner cette prétendue avancée de la France sur les autres nations. En 1884, un concours est organisé par le ministre de l’Industrie et du Commerce Edouard Lockroy que l'ingénieur Gustave Eiffel remporte. Son prototype d’une tour de fer puddlé de 300 mètres de hauteur, formidable défi technique, emprunté des ingénieurs Maurice Koechlin et Emile Nouguier, est choisi pour représenter le savoir-faire industriel et technique de la France lors de l’exposition universelle. Le document étudié est une lettre ouverte, une protestation, publiée dans le journal Le Temps le 14 février 1887. C’est un journal à fort tirage qui s’impose même comme étant le plus important sous la IIIème République et qui est principalement lu par une grande partie des élites. Cette lettre est signée par un certain nombre de grands noms du domaine des arts et des lettres français, notamment Charles Gounod, Guy de Maupassant, Alexandre Dumas fils, François Coppée, Leconte de Lisle, Sully Prudhomme, William Bouguereau, Ernest Meissonier, Victorien Sardou, Charles Garnier… La lettre est adressée au directeur des travaux de l’exposition universelle, M. Alphand, même si sa publication dans Le Temps montre la volonté de rallier l’ensemble du public parisien. Le texte est une réaction d’autant plus vive à la tour Eiffel que celle-ci n’existe pas encore vraiment. En effet, au moment où l’article est publié, la