Lettre persane 37
Dans un 1er temps, nous allons étudier le caractère du Roi de France, Louis XIV. Dans sa lettre, Usbek insiste d’abord, première ironie, sur le fait que Louis 14 est un cas unique, qu’il s’agit d’un vieillard qui est au pouvoir depuıs bien trop longtemps: "Le roi de France est vieux". En effet, en 1713, date fictive de cette lettre, Louis 14 a 75 ans et règne depuis 52 ans, durée exceptionnelle qui étonne le persan, puisqu’il ajoute: Nous n’avons point d’exemple dans nos histoires d’un monarque qui ait si longtemps régné. L´éloge apparent de la longévité royale n´est bien sur rien d´autre qu´une antiphrase! Usbek insistera encore sur ce caractère extraordinaire dans la suite du texte en ajoutant à la ligne 12: il n’est jamais arrivé qu’à lui... Il souligne l’exceptionnelle autorité du roi, avec le superlatif à un très haut degré, avec les mots talent et génie. Mais là aussi, par l´antiphrase, c´est le despotisme de Louis 14 qui est dénoncé. Montesquieu emploie 7 mots du champ lexical du pouvoir: roi, monarque, régné, se faire obéir, gouverne, gouvernement. La remarque finale: de tous les gouvernements du monde, celui des turcs ou de notre auguste sultan lui plairait le mieux, met en relief le goût immodéré de Louis 14 pour la monarchie absolue: son pouvoir ne lui suffit pas, il aurait préféré une tyrannie de type oriental. On remarque cependant qu’Usbek atténue sa critıiue en se cachant derrière le masque de l’ouï-dire: On dit que...on lui a souvent entendu dire que. Il se pose néanmoins comme un spécialiste du roi: J’ai étudié son caractère... Sa fausse naïveté de persan luı permet de relever innocemment des contradictions qu il est impossible