De Rica
A Farhaad Arman

Draguignan, le 6 janvier 2010

Cher ami Farhaad,

Je suis désolé de ne pas t’avoir répondu plus tôt. Je ne t’ai pas écrit avant car j’étais tellement fasciné par cette ville extraordinaire que mon esprit s’est égaré.
Tout d’abord les hommes et les femmes ici sont vêtus d’une telle façon que je suis resté figé pendant quelques instants. Parfois, féminin ou masculin, on finirait même en y regardant de plus près par les confondre mais pas toujours et cela est troublant. On dirait presque qu’ici il n’y a plus de codes. Leurs tenues diffèrent beaucoup des nôtres. Moi qui circule ici avec ma longue robe, mes sandales et mon turban, je croise des personnages couverts à peine avec des textiles qui dessinent leurs corps, ils appellent cela des jeans et des tee-shirts. Leurs étoffes sont fines et peu précieuses, mais ils sont tous si fiers. Dans chaque rue des regards se pose sur moi, moi qui ne suis pourtant qu’un homme simple.
Et les femmes ! Nous qui les aimons rondes, fardées et mystérieuses derrière leurs voiles. Dans ce pays elles ne sont pas parées comme les nôtres. Elles marchent souvent seules, entre femmes ou même accompagnées de plusieurs hommes, quelque soit leur âge. Oui tu as bien lu ! Cependant elles doivent être des femmes de peu de fortune car elles ne possèdent aucune parure de bijoux ou si peu. Point d’émeraude, de perles ou de rubis. Mêmes les plus laides ou celles qui promènent leurs enfants ne portent pas le voile. Elles se pressent toutes vers les échoppes. Il faut dire qu’il y en a beaucoup par ici, surtout des marchands d’étoffes. Inutile de faire la queue enfin pas autant que chez nous, et jamais je n’ai entendu quelqu’un marchander le prix ou faire du troc. Ils utilisent de petits papiers épais et brillants pour payer leur dû.
Lors de ma visite, au détour d’un koutchech, je suis passé devant un bâtiment dont on m’a dit que c’était l’endroit où l’on pouvait trouver le chef de cette ville, mais c’est