Lettre Philosophique - Trad : A.Duval
Traduite L’Allemand en Français.
Par ANTOINE DU VAL,
Chez Jean d’ houry, à l’image S. Jean, au bout du Pont-neuf, sur le quai des Augustin.
MDCLXXI.
LETTRE PHILOSOPHIQUE
Vous ayant vu douter d’une science, dont vous devriez être mieux persuadé, il m’a semblé nécessaire de vous en tracer les fondements, suivant que la Lecture des vrais Philosophes & l’expérience me l’ont enseigné. Je n’use pour cet effet d’aucune Rhétorique, jugeant superflu d’orner la matière du monde, qui est la plus belle de soi-même. La sainte Ecriture, qui est dictée par le Saint Esprit, & contient la parole du grand Dieu, méprise l’ornement, & se plait seulement aux sentences véritables & simples, l’ignorance au contraire & le mensonge, dont le père de mensonge a jeté la semence dans les Ecoles modernes, veut être plâtrée d’artifices, pour cacher ses défauts, l’art & le fard sont pour les beautés imparfaites. Vous verrez dans la suite de cette Lettre, une Physique qui paraîtra extravagante & impertinente au sens de ces mêmes Ecoles, & je vous dis par avance, que le moindre Pédant la condamnera aussi hardiment que s’il l’entendait très bien, & que mes sentiments seront bannis de sa raison aussi librement qu’il pourrait faire si notre sainte science était soumise à sa juridiction.
Mais je laisse à chacun son jugement libre, & je ne veux punir les présomptueux & les ignorants, que de leurs propres qualités, qu’ils garderont pour pénitence. Aussi ne prétends-je écrire cette lettre qu’à vous qui avez la clef pour en déchiffrer le contenu mystérieux, afin que vous puissiez confirmer votre connaissance & l’appuyer sur le fondement inébranlable, peut donner gloire à Dieu, & servir votre prochain. Vous trouverez la plus part de ce que je vous écris chez les Philosophes : mais vous ne le verrez en nulle part entassé de cette manière, & en si peu de paroles. Elles sont simples, mais importances & véritables. Lisez, relisez, & pensez-le bien, rapportant le tout à la