lettre a rimbaud
Mardi 10 Septembre 187…
Cher Rimbaud,
Ces quelques mots ne sauraient suffire à décrire l’émotion que j’ai ressentie en lisant votre dernière lettre.
Chacun de vos poèmes montre l’étendue de votre talent, mais c’est votre quête de l’inconnu qui m’a vraiment touchée. C’est pourquoi je me devais de vous écrire afin de vous témoigner mon admiration.
Comment, en effet, ne pas remarquer cette ambiguïté quant à l’état du poète qui fort de ses expériences extrêmes parviendra à troubler votre lecteur ? Chaque mot semble choisi avec justesse, ce qui vous permet de dénoncer implicitement le conformisme de nos ainés.
En agissant sur les sens, vous ne présentez plus le poète comme celui qui raconte, qui révèle, mais comme un inventeur, quitte à bousculer nos valeurs !
Votre insolence me fascine et le renoncement aux règles poétiques qui en découle est sans doute dû à votre gout de l’exploration !
Je ne vous cache pas que certaines de vos pensées me laissent perplexe.
Vous voulez être libre, dans la vie comme avec les mots; vous nous autorisez à comprendre et à interpréter votre vision de notre monde, mais je dois vous l’avouer votre langage moderne est parfois bien obscure… « Des faibles se mettraient à penser sur le première lettre de l’alphabet… » Est-ce une fois encore une allusion personnelle à nos Académiciens ?
Ne craignez-vous pas, en nous poussant à l’interprétation d’être mal compris ?
Votre vie tourmentée d’adolescent, nous livre des rêves utopiques mais je souhaite qu’ils vous aident à trouver votre vérité.
Votre professeur dévoué…
M.IZAMBARD