Paris, jeudi 22 juin 1916
Gaston, mon fils,
Je viens tout juste de lire ta lettre. Aussitôt mon coeur s'est serré et beaucoup d'incertitudes et de questions me sont venues à l'esprit. De même un sentiment de rage et de douleur s'est emparé de moi. Pourquoi la vie est-elle si cruelle ? Pourquoi faire la guerre ? Cette guerre est si terrible, si terrifiante, si traumatisante que je rêve tellement de pouvoir te revoir, oh comme tu me manque!Je suis en colère contre l'Etat qui vous oblige à vous battre, vous plongeant ainsi dans une grande dépression qui vous noie tous. Mais s'il te plaît, pour une fois mon fils écoute moi. Accroche-toi à cette lettre qui fera office de bouée de sauvetage, t'évitant ainsi de couler.
Contrairement à ce que tu penses, les gens ici ont été heureux de voir que tu étais en vie. Il est vrai que pour certains, cela a été douloureux de te revoir après deux ans d'absence car leurs fils sont morts au front. Tu n'as rien à te reprocher! Tu as été obligé et forcé d'aller faire la guerre. Ah la guerre! Nous la subissons tous, maintenant l'essentiel est de survivre et de penser aux moments heureux que nous vivrons bientôt ensemble. A Paris, une rumeur court disant que la fin de la guerre est proche. Ne te laisse pas abattre et quitte ce sentiment si douloureux qui t'emprisonne.
Mon fils, la guerre c'est l'apocalypse. Elle vous pousse à vous suicider. Mais toi, sois fort. Ne participe pas à cette tragédie et retiens une chose: tu es tout pour moi. Si tu meurs, je meurs aussi.
Ta mère qui t'aime plus que