Le Peuple, publié en 1846, est un petit ouvrage écrit par Michelet qui dresse le tableau critique de la situation sociale de la France de 1846. En érigeant une description des différentes formes d'aliénation du peuple, l'auteur appelle à l'unité tout en dénonçant la division sociale. Dans sa lettre préface, destinée à un de ses amis, Edgar Quinet, il présente le projet qu'il a voulu suivre dans cette œuvre. D'emblée, l'objectivité qu'on pourrait attendre d'un historien est rejetée par l'affirmation : « Ce livre est plus qu'un livre; c'est moi-même ». Cette première phrase donne le ton de la lettre : Michelet, pour parler du peuple, va parler de lui. Trois parties composent cette lettre : une introduction qui informe le destinataire sur le dessein que s'est fixé l'auteur et sur ses moyens pour y parvenir ; une petite autobiographie qui relate plus spécifiquement son enfance et, pour finir, un discours qui tend à appeler le peuple français à s'unir contre la menace européenne. Dans la première partie, après avoir dénoncé les descriptions du peuple qui ont été faites précédemment par des auteurs français, l'historien affirme : « Et moi, qui en suis sorti [...] mais expérimentée au-dedans » (p.63). Cette citation peut être décomposée en trois parties. On comprend tout d'abord que Michelet est d'origine populaire, qu'il a fait parti du peuple même si aujourd'hui il en est sorti. Il s'oppose ensuite à la littérature qui est à la mode au XIXe siècle et qui décrit le peuple sous ses aspects « pittoresques ou dramatiques », c'est à dire bien loin de la réalité pour Michelet. En dernier lieu, il affirme être le mieux placé pour décrire justement le peuple puisqu'il a fait l'« expérience » du peuple en endurant lui-même les conditions de vie difficiles de cette catégorie sociale. La position de Michelet est donc claire : pour pouvoir décrire le peuple, avec un « besoin exigeant de vérité », il faut avoir une connaissance du peuple « au-dedans » et pas seulement une vision