Lettres Fiche Quatre vingt treize
C'est en Vendée que Victor Hugo a placé le nœud de son récit. Une frégate anglaise, la Claymore, montée par des officiers français de l'ex-marine royale, cherche à jeter sur la côte un homme qui doit prendre la tête de l'insurrection vendéenne : le marquis de Lantenac, prince en Bretagne, et envoyé par les émigrés pour tenir lieu et place de ce prince du sang toujours promis aux Vendéens et qui n’osa jamais venir. Ce marquis est une synthèse imaginaire des qualités et des défauts de la noblesse française.
La flotte française s'approche de plus en plus et resserre le cercle, pendant que la frégate va soutenir un combat où elle ne peut que sombrer. Il faut qu'un homme de l'équipage jette Lantenac à la côte, dans un canot ; un matelot breton s'offre comme pilote et le canot qui porte le chef aborde derrière les rochers au moment même où la Claymore, désemparée, s'abîme sous des volées de coups de canon. La première chose qui frappe son regard sur le rivage, c'est, affiché sur le piédestal d'une croix renversée, son signalement et sa tête mise à prix par décret de la Convention ; le tout contresigné : « Gauvain », signature de son propre neveu, un déserteur passé du côté des révolutionnaires et le commandant en chef des forces républicaines. Victor Hugo a de même personnifié dans un proconsul idéal, Cimourdain, les vertus stoïques et l'indomptable ténacité des délégués de la Convention.
Cimourdain, mandaté par le Comité de salut public, va donc retrouver en Vendée Gauvain, son élève et son fils d'adoption. L'insurrection a pris de l’ampleur, grâce au marquis de Lantenac ; les