Lettres persannes
Au XVIIIe siècle, alors que se lève l’aube des Lumières avec Montesquieu et ses Lettres persanes, la pensée s’arrache aux préjugés et aux dogmes qui l’assujettissait, l’intelligence s’émancipe, l’esprit critique se déploie, et l’homme apprend à faire de plus en plus confiance à sa raison que la religion chrétienne avait humiliée. Pour émanciper les esprits et faire progresser l’humanité tout entière, les « philosophes » de cette époque invente des personnages décalés par rapport à la société qu’ils observent d’un oeil neuf : le Persan chez Montesquieu, le Huron chez Voltaire, le farfelu neveu de Rameau de Diderot posent sur notre monde un regard pour le moins décapant : regard qui favorise la prise de distance et qui va par conséquent de pair avec l’ironie.
1- De l’étonnement à la distanciation
* Les lettres humoristiques de Rica font la satire des parisiens et de leurs défauts les plus criants : lettre XLV sur l’alchimiste, lettre L sur l’homme de mérite, lettre LII sur la coquetterie des femmes françaises, la lettre LIV sur le bel esprit…
*Les lettres philosophiques d’Usbek mettent en question les systèmes politiques (histoire des Troglodytes, lettres XXXVII, XLIV…), notamment celui de la royauté absolue qui prévaut en France.
* Usbek met aussi à distance la religion et conduit à une réflexion dogmatique, débarrassée des superstitions (lettre XXXV, lettre XVII qui interroge le mollak Méhémet-Hali sur l’immonde, sur « l’impureté des choses ». La lettre XXIV traite le pape de « vieille idole ». La lettre XLVI met en question les disputes théologiques.
2- La relativité des