L'hystérie entre les fleurs du mal et le mal
Pulsion[s].
Hystériques !
L’hystérie connaît autour de 1900 une véritable heure de gloire. « Maladie du siècle » ou « névrose moderne », ce mal mystérieux préoccupe plusieurs médecins européens, dont le plus connu est Jean-Martin
Charcot, neurologue à l’hôpital parisien de La Salpêtrière dès 1862. Le dessin et la photographie sont mis au service de la science pour documenter les symptômes spectaculaires de ces corps qui s’émancipent dans l’hypnose ou l’extase. Les recherches menées sur les …afficher plus de contenu…
Œuvres complètes III, Paris, Lecrosnier et Babé, 1890.
5 Charles Baudelaire, “Mon cœur mis à nu” [1862], dans Œuvres complètes, présentation par Marcel Ruff, Paris, Seuil,
1968, p. 640.
L’hystérie virile
Moins connue que son équivalent féminin, l’hystérie masculine est aussi sujet de recherche pour le Docteur
Charcot. On concède qu’un jeune homme efféminé puisse après des excès, des chagrins, des émotions profondes, présenter quelques phénomènes hystériformes; mais qu’un artisan vigoureux, solide, non éner- vé par la culture, un chauffeur de locomotive par exemple, nullement émotif auparavant, du moins en appa- rence, puisse... devenir hystérique, au même titre qu’une femme, voilà, parait-il, qui dépasse …afficher plus de contenu…
Mais loin des postures théâtrales féminines, la maladie s’exprime dans ce cas par de l’abattement, de la prostration.
Aux excès physiques de l’hystérie féminine, qui attirent les regards, s’opposent la retenue et la discrétion de l’hystérie masculine. La mélancolie et la dépression sont depuis longtemps associées à un certain génie, et vues comme des sources d’inspiration que les artistes masculins vont non seulement revendiquer, mais aussi entretenir. J’ai cultivé mon hystérie avec jouissance et terreur dit Baudelaire5... Il est de bon ton de se
diagnostiquer