Liaisons dangeureuses, laclos, lettre cxxxi
Situation du passage La Lettre CXXXI est une des lettres-clés du roman qui permet de mieux comprendre la nature profonde et les véritables enjeux du libertinage des héros de Laclos. Il s’agit de la grande lettre « autobiographique » de la Marquise dont le but est double : du point de vue de la Marquise, il s’agit de convaincre Valmont de sa supériorité sur toutes les autres femmes, en lui prouvant l’étendue de ses talents ; du point de vue du lecteur, la lettre a pour fonction d’expliquer « la noirceur » du personnage, et de l’accréditer en le lestant d’une autobiographie. La lettre, la plus longue du roman, doit donc montrer comment on devient un monstre… (ce dont la Marquise est très fière. Le passage se situe dans la troisième partie de cette « autobiographie » dans laquelle la Marquise dévoile les secrets de sa réussite, ou, comment s’adonner au libertinage, tout en restant irréprochable aux yeux du monde.
Plan du texte 1°§ : la stratégie libertine de la Marquise 2°§ : une théorie de la dissimulation 3°§ : un modèle mythique : Dalila
Axes de lecture Le passage illustre pleinement les principaux aspects du libertinage, tel du moins qu’il apparaît chez Laclos. Parmi plusieurs pistes possibles, nous privilégierions deux aspects du texte qui nous semblent majeurs : l’art du stratège et celui de l’auteur, tout en soulignant au départ que cette division est un peu artificielle, certains comportements étant commun aux deux arts ; ainsi le terme « déployer » employé à la ligne 1 appartient aussi bien au registre théâtral de l’acteur qui déploie son talent qu’à celui du général qui déploie son armée.
I) L’art du stratège
Traditionnellement le libertinage repose sur une stratégie de la séduction et de la conquête. Cet aspect est particulièrement illustré dans ce passage.
*) Par le recours au registre militaire : la Marquise «déploie les talents » d’un général qui cherche à «