Dans ce texte, Kant aborde la question de la liberté de penser en présentant en trois points. Il montre tout d’abord en quoi elle s’oppose à la contrainte civile, puis en quoi elle s’oppose à la contrainte exercée sur la conscience et enfin en quoi elle est synonyme d’une autonomie de la raison. Il commence ainsi par ce qui semble peut-être le moins évident, à savoir les rapports entre la liberté de penser et la liberté d’expression. En effet, on distingue souvent les deux en considérant que si on peut porter atteinte dans un Etat, à la liberté d’expression, il semble beaucoup, plus difficile de porter atteinte à la liberté de penser. Rien n’empêche ainsi un individu de penser ce qu’il veut et de dire le contraire. Or, Kant va nous montrer ici que cette distinction n’est pas si évidente. Mieux encore, il va nous montrer que la liberté de penser requiert comme condition la liberté d’expression. C’est en ce sens qu’il va montrer qu’elle s’oppose à la contrainte civile. En effet, la liberté de penser suppose un rapport à l’autre avec lequel nous échangeons. Penser par soi-même ne consiste pas à penser seul, mais à penser selon sa raison en commun avec les autres qui sont aussi des êtres dotés de raison. Dès lors, là où la communication est interdite, la liberté de penser est remise en cause. Dans un second temps, il va opposer la liberté de penser à toute forme de contrainte exercée sur la conscience. Il s’agit ici d’aborder toute forme de pouvoir qui suscite une crainte et qui ne s’adresse pas à la raison. C’est en ce sens qu’il cite comme exemple la religion. Il ne s’agit pas de dire que toute religion est une atteinte à la liberté de penser, mais de montrer qu’à partir du moment où elle s’impose comme vérité et comme dogme en s’opposant à tout usage de la raison, en se nourrissant de la crainte, elle porte alors atteinte à la liberté de penser. C’est en ce sens qu’il va pouvoir nous montrer en quoi la liberté de penser est synonyme d’une autonomie de la raison. Tel