Revendiquer sa liberté individuelle, c'est affirmer son propre pouvoir, celui de faire tout ce que l'on veut, sans contraintes ni limites. Cette définition, communément admise, reviendrait à accepter, poussée à l'extrême, qu'être libre c'est faire tout ce qu'il nous plait de manière absolue et égoïste sans se soucier ni d'autrui ni des conséquences de nos actes. Or, n'est ce pas là confondre la liberté et la licence? N'est-il pas en effet paradoxale de soutenir une telle définition, car comme le proclame la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, "la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui"? Autrement dit, se demander si être libre c'est faire tout ce que l'on veut, revient à s'interroger sur les limites inhérentes de la liberté: n'est-elle pas en effet, par essence, délimitée à la fois par autrui et par les lois, en tant que conditions nécessaires de la liberté de tous? Dans une première partie, nous nous demanderons en quoi une définition de la liberté comme pouvoir absolu est inconséquente, en partant de l'hypothèse d'un État de nature. Nous en viendrons dans un second temps à montrer que l'exercice de la liberté n'a pour borne que la nécessité d'assurer à autrui la jouissance de ce même droit, ce qui est inconcevable si l'homme n'abandonne pas sa liberté naturelle définie par Rousseau comme "droit illimité à toutes choses". Enfin dans une dernière partie, étant admis qu'il ne peut y avoir de liberté véritable sans égalité, il nous restera à interroger la signification de cette liberté civile que l'homme acquière dés qu'il vit en