Liberte
Le thème du texte est politique et peut se formuler dans la question suivante: est-il possible aux hommes de fonder socialement un ordre juste? La réponse que le texte donne semble consister en une aporie: il n'y a pas de solution; de quelque façon que les hommes s'y prennent, ceux à qui est remis le pouvoir auront toujours tendance à en abuser. Le texte a donc à caractère aporétique(de aporie=impasse théorique) qu'il était indispensable d'apercevoir pour poser le problème: les injustices sont bien présentes dans la société et il semble impossible qu'il puisse y en aller autrement.
L'argumentation du texte est construite en deux temps.
a)Kant établit d'abord la nécessité pour les hommes d'avoir un maître; autrement dit, ce qu'il soutient, dans un premier temps, c'est que toute société humaine ne peut exister que suivant une structure hiérarchique qui répartit les hommes en gouvernants et gouvernés. Ici, les plus avisés remarqueront déjà qu'il y a un présupposé qui pourra être discuté: l'idéal démocratique tel que l'antiquité grecque l'invente ne repose-t-il pas sur le refus de cette hiérarchie et sur le principe que chacun est apte à être, tour à tour, gouvernant et gouverné= principe de l'isokratéia=partage égal du pouvoir? Autrement dit, est-ce une vérité universelle et nécessaire que les hommes ne peuvent se passer de maîtres dès lors qu'ils vivent en société? L'ordre social doit-il être nécessairement hiérarchique?
b)Une fois établie la nécessité de maîtres, la deuxième partie du texte, aura pour objet de montrer qu'il est impossible qu'existent des maîtres justes. Puisque le maître est lui aussi un homme, il aurait donc à son tour besoin d'un maître qui le gouverne. Nous voilà entraîné dans une régression à l'infini qui rend vaine toute tentative de fonder un ordre juste. Ici aussi les plus avisés auront pensé à Platon chez qui se trouve une façon de trancher la difficulté: ne suffirait-il pas, pour fonder un ordre juste, de donner le pouvoir