Liberté et déterminisme
Le déterminisme est la théorie selon laquelle tout est déterminé, i.e. selon laquelle chaque effet est déterminé par sa cause, le présent est déterminé par le passé, et l’état de l’univers à un instant donné par l’état de l’univers à l’instant précédent. Cette théorie qui soumet toute chose à une causalité universelle et absolue semble donc nier toute liberté : si l’homme est déterminé, il n’est pas libre de choisir comme il le pense car ses actes sont régis par la causalité et étaient donc déjà déterminés avant même qu’il ne soit né.
Deux grandes conceptions s’opposent à ce sujet : d’un côté, si on conçoit la liberté comme une forme d’indépendance ou de spontanéité, on tend à l’opposer au déterminisme ; si en revanche on conçoit la liberté comme une forme d’obéissance à la raison ou d’adhésion à soi on ne voit plus dans le déterminisme une difficulté pour penser la liberté.
Remarquons bien que ces questions ne se posent que pour la liberté intérieure, métaphysique, et non pour la liberté extérieure, qui elle ne dépend que de conditions physiques ou politiques contingentes, et non de la nature essentielle (métaphysique) de l’univers.
A. L’affirmation du libre arbitre
1. La liberté comme acte gratuit (Gide)
Si on pense que liberté et déterminisme sont contradictoires, c’est généralement qu’on pense la liberté comme une forme d’indépendance. On passe de l’idée de la liberté comme absence d’entraves extérieures à la liberté comme absence de toute entraves (extérieures ou intérieures), c’est-à-dire une liberté comme absence de toute détermination. En ce sens, sera dit libre le phénomène qui ne relève d’aucune cause, mais seulement du pur hasard, un peu comme un lancer de dé.
L’écrivain français André Gide (1869-1951) avait une telle conception de la liberté. Il en est ainsi venu à penser la liberté comme acte gratuit.
André Gide a mis en scène une telle liberté dans ses romans comme Les Caves du Vatican. Alors qu’il est dans