Liberté et nécessité

7588 mots 31 pages
LIBERTE ET NECESSITE

A priori rien ne s’oppose plus à la liberté que la nécessité : est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être. Par opposition, le contingent est ce qui peut ne pas être : logiquement, la liberté s’oppose donc à la nécessité (puisque la nécessité ne nous laisse pas le choix), et elle s’associe au possible (ce qui peut être). En effet, dire que l’on est déterminé nécessairement à agir revient à dire qu’il est impossible d’agir autrement. La nécessité est donc synonyme de destin : un destin détermine par avance les événements et les choix de l’individu, qui se croit auteur de sa vie mais n’en est que l’interprète plus ou moins consentant. Et, comme on le voit dans la tragédie d’Œdipe, toute tentative pour échapper au destin ne consiste finalement qu’à l’accomplir d’une autre manière. Cette opposition doit cependant être nuancée. En effet, notre liberté d’agir dans et sur le monde (notamment en modifiant notre milieu naturel par l’activité technique) repose sur une nécessité existante : la fixité des lois naturelles. Si les phénomènes naturels étaient changeants et irréguliers, nous ne pourrions ni constituer des sciences ( formuler des lois de la nature), ni appliquer cette connaissance dans les techniques. Sans cet ordre constant que nous présupposons dans la nature, nous ne pourrions même pas nous repérer dans notre environnement. C’est ce que souligne Kant dans cet extrait de la Critique de la raison pure : « Si le cinabre [ métal de couleur rouge] était tantôt rouge, tantôt noir, tantôt léger, tantôt lourd, si un homme se transformait tantôt en un animal en un animal, tantôt en un autre, si dans un long jour la terre était tantôt couverte de fruits, tantôt de glace et de neige, mon imagination … ne pourrait jamais trouver l’occasion de recevoir dans la pensée le lourd cinabre avec la représentation de la couleur rouge. » (Critique de la Raison Pure, Analytique des concepts, chapitre II, 2e section). En

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