Libre echange
Imaginons un retour un siècle en arrière, on rencontre nos aïeuls et on leur fait la prophétie suivante. Dans un siècle, la production agricole, industrielle et commerciale aura été multipliée par 15. Passé le premier moment d’incrédulité, ils imagineront que la société issue de cette performance économique sera paradisiaque. Mais ceux qui utilisent le PIB comme indice de bonheur collectif, oublient de spécifier que dans le calcul du PIB, on ne déduit pas les évènements qui ont une incidence néfaste sur la population. Au contraire on les ajoute, ce qui peut donner naissance à des situations, pour le moins, paradoxales : Imaginons un instant qu’on supprime les causes des conflits armés dans le monde. On pourrait penser que ce serait un progrès considérable pour l’humanité, mais dans notre système économique, ce serait une véritable catastrophe. Le nombre de salariés dont l’activité professionnelle dépend de près ou de loin à cette industrie se chiffre par dizaines de millions. Si on veut mettre en place un indicateur de progrès, il faut alors classer en positif tout ce qui est censé améliorer le bien-être, et en négatif, ce qui le minore (nuisances et pollutions diverses) c’est-à-dire tout ce que l’on pourrait nommer des « dépenses regrettables ». La chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide ont réduit l’utilité d’une bonne partie de l’arsenal nucléaire que chacun est heureux de déclasser. Le bonheur mondial pourrait s’en trouver accru si la dispersion de cet arsenal n’était pas aussi dangereuse que son importance absolue. Pierre Kende avait déjà posé la question en 1977 « Peut-on mesurer le bonheur national ? ». Depuis nous avons fait quelques progrès, cependant marginaux, dans la réflexion. En 1990, la Banque Mondiale calculait un Indice de Développement Humain (IDH), en intégrant en plus du niveau de consommation, le niveau d’instruction, l’état sanitaire de la population, le degré