L'ile dans Mercure d'Amélie nothomb
ÉDEN OU PRISON L’île dans Mercure d’Amélie Nothomb
NAUSICAA DEWEZ
Service général des Lettres et du livre (Bruxelles)
Paru en 1998, Mercure narre l’histoire d’Omer Loncours, un vieux capitaine de marine, qui vit sur son île avec sa belle et jeune maîtresse,
Hazel. Loncours a banni tous les miroirs de l’île et fait ainsi croire à Hazel qu’elle est défigurée afin de la retenir auprès de lui. La ruse du vieillard vacille cependant avec l’arrivée de Françoise, une infirmière chargée de …afficher plus de contenu…
L’île est peu décrite. Tout au plus sait-on qu’elle est petite1. Habitée seulement par Loncours et Hazel, elle ne compte qu’une unique demeure, le manoir où résident les deux protagonistes, où sont interdits miroirs et surfaces réfléchissantes. Dérobée aux yeux du commun des mortels, aménagée spécialement pour assouvir les desseins de Loncours, l’île nothombienne s’approprie plusieurs motifs traditionnels de l’insularité littéraire.
Un monde idéal et caché
On sait que les mots « île » et « isoler » dérivent d’une même racine latine. Le terme « île » implique par définition l’isolement et la …afficher plus de contenu…
Le premier l’évente, signant du même coup le départ de Hazel de Mortes-Frontières. Quant à la seconde fin, elle poursuit la dissimulation et maintient de ce fait la jeune fille dans l’île.
Si le thème du secret structure l’histoire de Mercure, il est aussi au cœur du récit : par un usage de termes ambigus et vagues, la narration tend à faire accroire au lecteur que Hazel est défigurée et ne le détrompe que tardivement, le plaçant de fait dans une posture similaire à celle de la jeune fille, laissée dans l’ignorance par le vieillard. La ruse de Loncours requiert le secret, qui ne peut prospérer que si
Hazel n’entre jamais en contact avec d’autres êtres humains. Pour le vieillard, Mortes-Frontières est donc le cadre parfait, sinon l’unique cadre