Limites
Je le savais…
ou l’intuition du travailleur social et ses limites.
Une assistante sociale travaillant en polyvalence sort de son bureau. Elle vient de recevoir un appel téléphonique d’une collègue l’informant qu’une personne de son secteur vient de porter plainte pour viols répétés. Cette dame avait été reçue il y a peu de temps par l’assistante sociale. Se remémorant cet entretien, elle dit : « je sentais qu’il y avait quelque chose »… Nous sommes nombreux à avoir vécu cette sensation, ce trouble : l’impression d’avoir repéré un « fait-flou » sans que nous puissions donner quelque élément venant étayer cette perception supposée. Cela peut arriver sur des affaires telles que des fausses déclarations (quelqu’un dit vivre seul et nous apprenons par d’autres voies que ce n’est pas le cas) ou dans des affaires délicates (un enfant rencontré dans le cadre d’une procédure de signalement qui va évoquer longtemps après notre visite des faits plus graves que ceux qu’il nous avait décrit). Ce genre de situation crée un malaise. Avons-nous bien fait notre travail ? Ne sommes nous pas passés à coté de quelque chose qui nous semble a posteriori « évident » ? D’un côté la remise en question, le décryptage de notre intervention, autant d’actes professionnels qui font que nous pouvons améliorer nos compétences. De l’autre, parfois, un sentiment de culpabilité mélangé à l’impression rassurante que nous avons de l’intuition.
Intuitions…et dérives possibles.
De l’intuition puisque sans avoir d’éléments concrets qui nous reviennent, nous pouvons évoquer ce sentiment qu’il y avait quelque chose, que nous l’avions « senti »… Ne parle t-on pas d’intuition féminine ? Dans un métier où 97 % des professionnels sont des femmes, voilà de quoi nourrir ce que le bon sens avait repéré depuis longtemps. Et finalement, c’est plutôt rassurant de savoir que nous possédons en plus de tous les savoirs enseignés, ce petit plus, cette intuition qui peut nous permettre de