Litterary
Nevermore
Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant
" Quel fut ton plus beau jour? " fit sa voix d'or vivant,
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.
- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !
1 Intro :
Souvenir ⋄ thème très exploité par les romantiques, renouvelé par le symboliste Verlaine. Tiré du recueil Poèmes Saturniens dont le sujet est l’influence maligne de Saturne sur ceux nés sous son signe, le sonnet a le même titre qu’un poème de l’américain Edgar Poe (recueil Histoires Extraordinaires traduit par Baudelaire).
• Evocation d’une idylle à la manière impressionniste
• La confidence d’un souvenir plus ancien
• La nostalgie des souvenirs
I – Evocation d’un souvenir à la manière impressionniste 1) Paysage présenté comme un tableau impressionniste dans le 1er quatrain.
- passage du présent d’énonciation dans le 1er vers à l’imparfait descriptif ⋄ caractère rétrospectif du souvenir.
- paysage d’automne, saison romantique. Mais éléments de description rares et imprécis : « la grive », « un rayon », « le bois ». Déterminant à valeur généralisante devant « grive ».
- aucun réalisme, plutôt atmosphère ouatée. Couleurs atténuées : « rayon », « bois jaunissant ».
- Les impressions dominent : absence de vie (« atone », sans vigueur, monotone). La monorime contribue à l’uniformité, de même que le rythme lent imposé par le contre-rejet du v.1 sur v.2 et l’enjambement du v.3 sur v.4. La phrase s’allonge depuis «