Litterature avant garde
1 – délimitations et définitions
L’avant-garde constitue un axe qui permet de déterminer comment se déroule le 20ème siècle. Ce fut une idéologie dominante jusqu’aux années 1970 (structuralisme) où un revirement d’opinion tient dès lors l’avant-garde en suspicion, à cause de son implication dans les mouvements politiques totalitaires du siècle (collusion historique). L’avant-garde pose le problème de l’inscription du projet artistique dans l’Histoire : à partir des années 70, les avant-gardes sont tenues pour responsables du désastre historique du siècle.
Il y a donc un héroïsme des avant-gardes, qui ont déployé une puissance d’invention et de renouvellement sans précédent. Ce cours sera plus une apologie des avant-gardes qu’une déconstruction de celles-ci.
a) définition empirique
- les avant-gardes sont des groupes : les projets ont une réalisation collective. Un mouvement d’avant-garde dit « nous » (« nous sommes un roc », proclamaient les futuristes russes) et se manifeste en tant que groupe, régi par des procédures d’inclusion et d’exclusion. Le groupe n’est pourtant pas la somme des individus qui le composent, selon l’idéologie du « communisme de la pensée » et du travail collectif. La collaboration est active, et peu-à-peu se forge une mythologie des groupes.
- un projet idéologique, politiquement ancré à gauche, progressiste sans être obligatoirement révolutionnaire, est nécessaire pour fédérer le groupe.
- les avant-gardes historiques se constituent autour d’une articulation réfléchie entre esthétique et politique : que ce soit la politisation de l’esthétique (question de l’art révolutionnaire ou de l’art au service de la Révolution) ou l’esthétisation du politique (le politique conçu comme œuvre d’art, ce qui est caractéristique du fascisme et du nazisme, cf. grandes manifestations de Nuremberg).
- les avant-gardes sont des mouvements radicaux, marqués par la violence, dans les