Litterature
Café littéraire avec André Brink, écrivain sud-africain et Maxime N’Debeka, écrivain du Congo-Brazzaville dimanche 18 octobre 2003
Scribe : Roger Revuz professeur au lycée Marcel Pagnol – Athis-Mons
C’est devant plus d’une centaine d’auditeurs dont certains ne trouvèrent pas de place assise que deux écrivains africains, l’un blanc, l’autre noir, expliquèrent ce qu’ils pensaient du rôle de la littérature. Pour les deux, non seulement celle-ci est un témoin de l’Histoire, mais elle en est aussi un acteur. André Brink qui s’exprime dans un français parfait commença par déclarer que la littérature lui avait apporté plus que les militants de l’ANC (African National Congress, principale organisation de lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud). André Brink est issu d’une famille afrikaner traditionnelle dans laquelle on ne remettait pas en cause le bien-fondé de cette politique. A 23/24 ans, il se retrouve étudiant à Paris. C’est de là en 1960, à 10 000 Km de l’Afrique du Sud, qu’il apprend la massacre de Sharpeville. « Je voyais avec une clarté éblouissante ce qui se passait ». Il dit en avoir ressenti un choc atroce. C’est à Paris qu’il a rencontré pour la première fois des Noirs : ceux qu’il avait croisé en Afrique du Sud était soit des serviteurs soit des paysans. A Paris, il rencontre des intellectuels noirs, c’est pour lui dit-il un choc au meilleur sens du mot. Quand il rentre en Afrique du Sud, il ne peut absolument pas aborder les sujets politiques avec sa famille. Il divorce d’avec sa famille et ses amis blancs qui le considèrent comme un traître, mais pour chaque ami blanc perdu, c’est un ami noir ou métis qu’il trouve. Il est écrivain et se pose la question de comment toucher la population noire. La première difficulté est l’analphabétisme, mais surtout il avoue avoir eu du mal à imaginer ce qu’un Noir, victime du racisme, pouvait ressentir de l’intérieur. Alors il fait le choix de s’adresser aux