Litttérature
La revue des ressources
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Critiques
La désintégration du monde dans le roman européen
Anneliese Saulin-Ryckewaert lundi 21 novembre 2005
La revue des ressources
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La désintégration du monde dans le roman européen
Le roman européen intellectualisé et humanisé porte en lui tous les bouleversements de la pensée des siècles précédents et surtout du début du XXe siècle. La perception de la désintégration du monde par l'homme peut entraîner une désagrégation des valeurs et de l'être représentée dans le roman. Elle se manifeste par la pesanteur, la relativité du monde, l'échec de la pensée jusqu'au mutisme. « L'oeuvre de Kafka veille aux portes de l'Histoire ; elle constitue un critère pour la juger et elle contraint à une prise de conscience de la nécessité de changer le monde afin qu'il cesse de ressembler à l'univers clos du Château. » Dans l'univers romanesque de Kundera et dans le roman européen, l'homme est accablé de fardeaux, écrasé par des poids ; or « L'entretien sur l'art du roman » pose une question de Kafka : « Quelles sont encore les possibilités de l'homme dans un monde où les déterminations extérieures sont devenues si écrasantes que les mobiles intérieurs ne pèsent plus rien ? » Pour Kafka, l'homme est l'objet de forces extérieures qui l'empêchent de penser comme un humain, il est une machine, un pion de l'administration, de la bureaucratie et de l'Histoire. Le personnage de K dans Amerika symbolise l'homme errant dans le labyrinthe de son travail et de son existence, condamné à répéter les mêmes gestes et à se sentir coupable des erreurs qu'il peut faire ; ainsi l'on insiste sur un objet symbolique : le poids de la valise du personnage. L'Histoire, selon le narrateur de L'insoutenable légèreté de l'être est aussi légère que l'individu, « insoutenablement légère comme un duvet, comme une poussière qui s'envole, comme une chose qui va disparaître