Littérature africaine
Revue trimestrielle de culture négro-africaine
Nouvelle série - 1er trimestre 1985 - volume III n°1-2
Auteur : Madior DIOUF
Des précisions s’imposent au début de ce panorama de la littérature africaine de langue française, il ne sera question ici que de la littérature d’Afrique noire, bien qu’il soit très intéressant de comparer la production maghrébine de langue française à celle de l’Afrique au sud du Sahara. C’est du reste un travail commencé et tout récemment a été soutenue une thèse de 3e cycle ayant pour sujet : « Roman maghrébin et roman négro-africain : Mohamed DIB et SEMBENE Ousmane ». Mademoiselle Mouna Barard l’auteur de cette thèse a ouvert une voie d’étude très importante pour les lettres africaines. Nous nous attacherons ici à dresser un panorama régional de la littérature africaine.
Mais il faut ajouter une deuxième précision : plutôt que de littératures africaines il sera question de la littérature africaine. L’option du singulier est de fond. Il s’agit d’une résistance de l’idéal d’unité africaine, et aussi de l’art et des réalités d’Afrique, à l’orientation, par le micronationalisme, des productions littéraires et de leur étude vers l’exaltation chauvine des unités nationales nées de la balkanisation qui a créé les républiques post-coloniales d’Afrique.
L’art a le devoir de construire et la littérature, pour rester fidèle à la vocation et au rôle que les écrivains et artistes noirs conçurent pendant la lutte pour l’émancipation des colonies, ne saurait trahir l’idéal d’unité africaine. Il est aisé de montrer que malgré l’étroite conception micronationaliste de la critique qui exalte les littératures nationales, l’unité des productions affirme la fidélité des lettres africaines à la nation africaine. Pour le faire voir, il faudrait d’abord présenter une périodisation de la littérature africaine de langue française, voir ensuite les principaux genres et leurs thèmes majeurs, pour en troisième lieu examiner les