Littérature
(1734-1806)
Mon berceau s’adossait à la bibliothèque,
Babel sombre, où roman, science, fabliau,
Tout, la cendre latine et la poussière grecque, Se mêlaient... 1
Ch. Baudelaire L’entrée dans l’univers des livres, dans la quasi-totalité des récits de vie est un moment crucial et mémorable. L’acte de lire est souvent mis en scène avec beaucoup de gravité et de solennité. L’entreprise d’introspection et de rétrospection qui fonde l’autobiographie s’arrête traditionnellement sur les premières expériences lecturales et les entoure d’une aura particulière. Ils sont l’objet de cérémonial qui les hisse au rang d’expériences fondatrices de la conscience de soi. Rétif de la Bretonne, à la suite de l’Évêque d’Hippone, de Montaigne et de Jean jacques Rousseau, ses aînés, consacre plusieurs passages de son récit autobiographique à la relation de ses premières expériences de lecteur et leur importance dans sa formation culturelle.
Saint Augustin évoque les principaux événements de sa vie comme des conversions dans les Confessions. Ces conversions sont dues à des moments privilégiés où l’expérience de la lecture joue le rôle de véritable catalyseur et de principal révélateur. Le livre VII correspond à la conversion intellectuelle, le livre VIII à la conversion morale. Les deux conversions sont tributaires de la rencontre avec les livres.
Le passage 4, 7-9 du Livre III de cette autobiographie constitue le récit d’une rencontre avec un livre qui va changer irrémédiablement le cours de la vie de Saint Augustin qui y rappelle sa lecture, à l’âge de 18 ans au début de ses « études universitaires de l’exhortation (protreptique) de Cicéron à la philosophie dans l’Hortensius. Ce texte apporte à Saint Augustin un avertissement. L’exhortation de Cicéron sert d’occasion à l’intervention de la grâce divine dans la vie du jeune Augustin. L’influence de Cicéron pour l’introduction à la vie philosophique a