Littérature
L’éducation rousseauiste, telle qu’exposée dans l’ouvrage Émile ou de l’éducation, est caractérisée par trois lignes de force. Il s’agit d’abord d’une pédagogie toute négative, selon laquelle le précepteur doit éviter à son élève les influences néfastes et empêcher qu’il ne fasse ses apprentissages trop tôt. Pour ce faire, il ne s’agit pas seulement d’éviter de faire telle ou telle chose avec l’enfant, mais surtout de s’assurer que cela ne puisse pas se faire. Ensuite, la pédagogie de Rousseau est, sauf exception, une éducation par les choses. L’élève doit donc éviter de consulter les livres afin d’apprendre par l’expérience, qui seule doit lui inspirer le besoin de s’instruire. Enfin, la pédagogie de Rousseau cherche à soutenir l’amour de soi ou à conserver en l’élève ses sentiments naturels en empêchant le développement de son amour-propre.
PRÉSENTATION
La pédagogie négative
La pédagogie qu’expose Rousseau dans son livre est d’abord et avant tout négative. C’est d’ailleurs Rousseau qui choisit le terme. Que veut-il dire par là ? Notons d’abord que cette négativité se retrouve partout. C’est en raison d’elle que, par exemple, le pédagogue doit éloigner du poupon toutes les machines dont les gens entourent leur enfant pour le protéger contre les chutes, pour faire percer ses dents, pour lui apprendre à marcher. Plus tard l’éducation négative consistera à ne pas lui enseigner le latin ou le catéchisme ou les bonnes manières. Ou encore, par des parties de chasse l’éducation négative détournera l’attention de l’adolescent de ses désirs sexuels naissants. Toutefois, selon Rousseau, il ne s’agit pas de laisser l’enfant s’éduquer lui-même. La négativité prônée vise d’abord à enlever les instruments et les attitudes traditionnels, à empêcher que ne s’acquiert ce qui, à tout autre que Rousseau, semblerait nécessaire ou souhaitable. C’est une sorte de doute cartésien pratique qui réduit à néant les apports ordinaires de la culture.