Lol DE LA SAUCE
• Le désir de Colin, né d’un blues de Duke Ellington (p. 55), confère sa tonalité à sa relation avec Chloé ; c’est alors que naissent le besoin et le désir (p. 63), contrariés par les projections fantasmatiques sur Alise et par la tentation de l’interdit, mais comblés par la rencontre du cha- pitre XI ; réalisation du projet amoureux, qui génère aussi la mort du désir, du moins son usure progressive et la destruction de l’objet aimé, rendu bientôt inapte à l’amour physique (p. 317).
• Lesmiroirsdudésir,aucontraire,contribuentaussibienàl’alimenterqu’àladétruire:voir notamment aux chapitres X et XI le refoulement des désirs interdits que Colin projette sur les autres couples du récit et qui déterminent son besoin d’amour ; besoin d’amour à la fois rempli et contrarié par l’apparition du nénuphar2 qui renvoie bientôt Colin à une dépendance régressive vis-à-vis de l’argent (la perte des doublezons, p. 160, 231, 322), du travail servile et destructeur (p. 272, 279, 314, 319), de la boue et de la souillure qui étouffent le désir.
L’obscure image de l’amour et du désir véhiculée par le roman n’empêche pas l’humour de l’investir à chaque page.
• Humour léger d’abord, qui signe un univers de fantaisie, où de beaux jeunes hommes se taillent les paupières en biseau (p. 21) et où les carreaux nouveau-nés ont du mal à fermer leur fontanelle (p. 145); univers où l’on joue sur la convention (cf. par exemple le portrait d’Alise : « Elle comportait en outre un foulard de soie vert vif... », p. 43) et où tout se produit comme par enchantement, depuis les tâches ménagères (cf. l’épisode de la vaisselle, p. 159), jusqu’à l’accomplissement des vœux les plus intimes (cf. la rencontre de Chloé, p. 71).
• Humournoirensuite,oùs’exprimel’espritgrand-guignolhéritédelapataphysique:lesamou- reux étant seuls au monde, les comparses sont traités comme des