Lorenzaccio : aux sources du drame
Son écriture est contemporaine de la liaison de Musset avec George Sand, commencée à la fin de juillet ou au début d'août 1833 pour s'achever dans les derniers jours de mars 1834 : avant de rencontrer Musset, Sand avait en 1833 composé une « scène historique » en six tableaux intitulée Une conspiration en 1537, tirée de la douzième nouvelle de l'Heptaméron de Marguerite de Navarre (1558) et de la Storia fiorentina de Benedetto Varchi (publiées seulement en 1721, ces chroniques florentines avaient été écrites entre 1547 et 1548). Musset y puisa l'idée de son drame, mais il a consulté aussi, pour sa part, la Storia fiorentina et fait sur bien des points œuvre originale. A quelle époque faut-il situer sa composition ? Une légende tenace voudrait la placer sur les lieux mêmes du drame florentin : mais il est désormais établi que Musset n'a passé qu'un ou deux jours à Florence et l'on chercherait vainement dans sa pièce le souci de la couleur locale, esthétique dont il était, au reste, l'adversaire déclaré. Enfin et surtout, une lettre du poète à Buloz, du 27 janvier 1834, permet d'affirmer que le manuscrit de Lorenzaccio était intégralement achevé avant le 12 décembre 1833. Ainsi la pièce de Musset comporte des éléments qui ne se trouvent ni chez Sand, ni chez Varchi. En ce qui concerne la comparaison avec Sand, notons seulement que celle-ci est beaucoup plus proche de Varchi et que sa « scène historique » est beaucoup plus resserrée dans le temps (plus centrée autour du meurtre), plus schématique aussi. Musset ajoute, avec tout ce qui concerne les Strozzi et les Cibo, l'aliment d'une vraie réflexion politique, met en place une vie foisonnante et une dimension philosophique que Sand ignore. Surtout, il s'engage lui-même dans