Lorenzaccio : la vision d'une "oeuvre noire et désabusée" et de "l'absurde destin d'un être solitaire livré à ses faiblesses et, malgré tout épris d'absolu" correspond-elle à votre perception de la pièce et du
I – Noirceur et désenchantement A – Un être en sursis entre la vie et la mort Une « œuvre noire et désabusée » est le reflet de son temps et des rêves brisés de Musset qui a l’impression d’être « né trop tard dans un monde trop vieux » (Confessions d’un enfant du siècle) et qui se lance dans la rédaction de son texte dans une période de crise existentielle et sentimentale. De plus, son héros négatif aux habits et aux pensées fort sombres ne se voit pas comme un être vivant mais à demi-mort, car cette vie ambivalente il la considère comme « une vie mortelle, ou plutôt mort-vivante » (I, 6). Lors de sa première apparition, Lorenzo est décrit comme un spectre, un mort vivant par Alexandre : « Regardez-moi ce petit corps maigre, ce lendemain d’orgie ambulant. Regardez-moi ces yeux plombés, ces mains fluettes et maladives », c’est un personnage vêtu de noir, en représentation et portant un masque dont il ne peut se débarrasser. Musset revient sur des images obsessionnelles en rapport avec le corps blessé, mutiler, et évoque aussi les statues décapitées, d’où l’angoisse du moi craignant son intégrité et redoutant la dispersion. B – Opacité du moi Contrairement aux autres personnages qui correspondent à des types littéraires aisément identifiables selon leur rang social ou leur fonction familiale, la personnalité de Lorenzaccio est un mystère pour les autres, involontairement ou bien parce qu’elle se dérobe consciemment à