lorenzaccio
Les premières représentations de Lorenzaccio, à la toute fin du xixe siècle, n'ont pas permis aux spectateurs de profiter de l'intégralité de ce drame de Musset, publié pour la première fois en 1834. Armand d'Artois, metteur en scène, choisit ainsi de passer sous silence l'intégralité de l'acte V. La pièce de Musset s'achève alors sur le meurtre commis par Lorenzo de Médicis sur la personne de son cousin, Alexandre de Médicis, duc de Florence. Si ce choix repose peut-être sur des contraintes matérielles, il fait également sens : la mort du duc devient une forme d'achèvement dans l'existence de Lorenzo, un sommet après lequel le rideau peut tomber. Mais peut-on réellement considérer la mort du duc comme le sommet du drame de Musset ? Pour mieux comprendre la valeur de cette mort, nous commencerons par observer le rôle capital qu'elle joue dans les différentes intrigues de la pièce. Cependant, nous montrerons, dans un deuxième temps, que Musset fait le choix de représenter cette mort avec une certaine retenue. L'important serait peut-être alors moins la mort en elle-même que ses conséquences sur le personnage de Lorenzo, comme nous le noterons pour finir.
1. Un élément central de la pièce
Pour commencer, il est nécessaire de comprendre pourquoi la mort du duc est bien un élément central dans la pièce de Musset.
Un rôle de premier plan pour le duc
Tout d'abord, il faut noter que Musset a choisi d'accorder au duc un rôle particulièrement important. N'oublions pas, par exemple, que c'est ce personnage qui prononce les tous premiers mots de la pièce. Tout commence ainsi, dans la scène 1 de l'acte I, par le spectacle de ce débauché qui séduit les jeunes femmes de Florence et s'exprime avec vulgarité. Son statut en fait également un personnage à part : il est à la tête de Florence et l'auteur ne manque pas de nous rappeler cette information, puisque Lorenzo, lorsqu'il s'adresse au duc dans sa toute première réplique, l'appelle « Altesse ». En somme,