Lorsque j'etais une oeuvre d'art
Lorsque jétais une oeuvre (E E. Schmitt) 20051007 lorsquejetaisuneoeuvredart
Parler de Lorsque j’étais une œuvre d’art ? Laissons l’auteur expliciter à travers les premières phrases du livre : J’ai toujours raté mes suicides. J’ai toujours tout raté pour être exact : ma vie comme mes suicides. Ce qui est cruel, dans mon cas, c’est que je m’en rends compte. Nous sommes des milliers sur Terre à manquer de force, d’esprit, de beauté ou de chance, or ce qui fait ma malheureusement singularité, c’est que j’en suis conscient. Tous les dons m’auront été épargnés sauf la lucidité.
Une entrée en matière fracassante et vertigineuse ! Le personnage se trouve sur une falaise. Son nom ? On l’ignore, le roman étant écrit à la première personne. Son âge ? Vingt ans, subis. Sous ses pieds le vide. Et derrière lui un homme bizarre. Agé sans l’être, artiste dont le génie n’est que manque de scrupules, aux dents serties de pierres précieuses, qui lui propose un marché : attendre vingt-quatre heures avant de mourir.
Notre héros, complètement paumé il faut l’avouer mais extrêmement sympathique, accepte. Trois mille six cents secondes plus tard il renaît alors. Il devient une œuvre d’art, façonné par celui qu’il nomme son Bienfaiteur et un médecin douteux. Mais contrairement à ce qu’ils désiraient, Adam Bis, tel est son nouveau nom, n’est pas en marbre. Il vit, pense, aime…
Devenir une œuvre d’art. Aussi célèbre que La Joconde, aussi gracile que le David. Le style d’Eric-Emmanuel Schmitt prend alors tout son sens : maître de l’implicite et de la suggestion, l’on ne devine jamais complètement à quoi ressemble Adam Bis (une adaptation cinématographique serait fascinante, bien qu’elle dénaturerait cependant notre vision de ce personnage, après tout comment imaginer ce qui vient tout juste de naître, d’exister et qui ne ressemble à rien de connu ?).