Lost princess
"Et merde."
Elle avait recommencé. Pourtant, elle croyait avoir arrêté depuis le temps. Le temps des illusions dans lesquelles on aime se bercer. Ah, elle avait tort, il n'y a pas d'âge pour se tromper soi-même. Le manège tourne encore, et pour longtemps. Et sur son cheval blanc, elle avait cru avoir la possibilité de rêver.
Le rêve, ouais, elle avait connu ça. Et la chute hors du lit aussi. Ces princes charmants, ils n'étaient plus que de papier. Alors, elle avait abandonné. Une prochaine fois. Plus tard, quand elle serait grande. Pour le moment, ce n'était que jeu, ça ne lui convenait pas. Pour elle, c'était tout ou c'était rien.
Petite princesse trop fatiguée, les yeux cernés, elle s'était agrippée au pommeau de sa scelle, et elle avait tout envoyé en l'air. Sur son étalon, elle était partie, riant à la face du monde, se moquant d'eux, ces beaux nobles poudrés et ces demoiselles se pavanant pour tout et pour rien, pour peu que l'un d'eux leur fasse une courbette. Naze. C'était ce qu'ils étaient.
Elle était partie, s'enfouissant dans cette masse de gens, en cherchant d'autres. D'autres qui n'étaient pas comme eux. D'autres qui, comme elle, se satisfaisaient de leur sort et n'avaient pas besoin de cacher des coeurs d'argile sous des masques de soie. Dans cette immense bal, elle avait virevolté aux bras de diverses personnes, s'était jointe à eux, mêlant son cynisme à leurs critiques sur le monde, et ils l'avaient aimé pour ça.
Ensemble, observant dans un coin de la salle de bal le vaste monde ivre et défaillant, pathétique. Se foutre de leur gueule était grisant. Puis partir, entre eux, vagabonder un peu partout, hors de ce palais puant la tromperie et le fric.
Elle n'a pas vu le coup venir. Dommage, le pistolet