Luison
Un esclave est une personne placée sous la dépendance absolue d’un maître. Cette dépendance implique l’abdication de son libre arbitre au profit d’autrui, c'est-à-dire, le renoncement à sa faculté de se déterminer librement et d’agir sous la conduite de sa seule volonté.
A première vue, la question « peut-on être l’esclave de soi même ? » ne saurait être que surprenante. Il semble en effet qu’elle implique une contradiction dans les termes : si être esclave, c’est être sous la dépendance absolue d’un maître comme nous venons de le préciser, alors on ne saurait être l’esclave que d’une autre personne, autre que soi même.
Pourtant, des exemples littéraires ou empruntés à la réalité peuvent nous fournir des exemples d’hommes esclaves d’eux-mêmes, c'est-à-dire, choisissant de s’asservir eux-mêmes à la toute puissance prétendue de leurs passions ou de leur volonté.
Enfin, une fois que nous aurons déterminé si l’homme est capable d’être l’esclave de lui-même, nous pourrons nous demander s’il a également le pouvoir de se libérer de sa propre emprise, et de choisir la liberté contre l’asservissement qu’il s’impose à lui-même.
Comme nous l’avons posé en introduction, il n’y a d’esclavage que relativement à autrui. En effet, l’esclavage est la situation d’un être qui ne peut agir ni penser à sa convenance, mais dont l’action et la pensée font part de la volonté directe d’un autre être, qui à tout pouvoir sur lui. Dans une parabole célèbre (la « parabole du maître et de l’esclave ») Hegel évoque la situation de deux hommes, qui font tout deux l’expérience du maître absolu (c'est-à-dire la mort) et dont l’un faiblit, recule, au contraire de l’autre. Le premier devient donc l’esclave de l’autre, situation incompatible avec la possibilité d’un esclavage à soi même.
Freud a bien montré qu’il y a en l’homme trois sujets, le moi, le ça et le sur-moi. Placé entre ces deux instances opposées, le moi peut être l’esclave de ses instincts les