Lussault, de la lutte des classes à la lutte des places (intro)
Résumé
Expérience spatiale: un hall d'immeuble sans immeuble
En France il existe une tendance au rejet de l'habitat social collectif, où se trouvent des fauteurs de trouble. Ils restent dans les halls d'immeuble et gênent les habitants, d'où l'idée de créer un faux hall d'immeuble à Graville-la-Vallée. Notons que son étrangeté est due au contexte spatial (dans un parc de loisirs ç'aurait été différent par exemple). Les premières réactions sont perplexes plus qu'hostiles, puis on fustigea l'action, jugée comme désinvolte. Pour finir, le faux hall subit des dégradations, et même un début d'incendie volontaire, ce qui entraîna l'interruption de l'expérience.
Un fait spatial total
Quelle morale à cet épisode? On peut lire cet événement de différentes façons: les conditions de vie des « classes » inférieures, le fonctionnement aberrant des technostructures, la crise du lien social ou encore les ravages du politiquement correct. Ici l'auteur se penche sur la spatialité des individus, c'est-à-dire la façon dont ils maîtrisent l'épreuve spatiale.
En observant l'épisode du hall, on peut remarquer deux choses:
C'est une pièce jouée sur une scène sociale, politique et médiatique, à l'encontre de l'intention des instigateurs du projet. Le hall n'est plus un lieu mais un acteur, au même titre que les jeunes, le directeur ou le journaliste
On peut penser cet épisode « en termes de rapports spatiaux entre des réalités sociales ». Ce n'est pas une approche sociologique qui n'étudierait que les rapports sociaux. Ici, on s'intéresse au jeu des acteurs avec l'espace.
=> Cet épisode forme un « fait spatial total »: « un assemblage, dans une situation donnée, de réalités variées dont l'arrangement construit dans l'événement, institue un état spécifique du réel social qui donne à comprendre l'importance de […] la spatialité. »
Quand l'espace fait problème...