Grenoble me déployait ses artères, cette voleuse. Une charmante voleuse qu’elle était ma dauphinoise bien aimée. Elle avait su emprunter au monde contemporain ce qu’il possédait de mieux pour le bien être des hommes ; et tout en simplicité. Elle aimait nous rassurer, nous assurer que le monde n’allait pas aussi vite que nous tendions à croire. Elle avait tout compris de la vie, elle préconisait la tempérance. Moi, elle me laissait glisser dans ses rues étroites. Je me sentais comme bercé dans l’urbanité de ses bras, sentant derrière, et pas si loin, l’excitante ruralité de sa silhouette. Des rues qui sachent bercer, il n’y en a pas des quantités, à ma petite connaissance. S’il y en a d’autres, tant mieux pour ceux qui en sont bien apaisés. Moi, ma ville, elle m’offrait l’illusion de la sécurité, un leurre que je ne pouvais point créer seul. J’avais besoin d’elle comme on a besoin d’une femme, pour dormir en toute sécurité, l’ego rassasié et l’espoir attisé. Elle était froide, notre ville. Elle s’excusait toujours d’être vouée au froid, du grand froid auquel elle était sujette au moment de l’hiver. Elle compensait une nature qu’elle n’avait pas choisie, par la chaleur de son étreinte. Elle ne cessait de nous serrer contre elle. Ce sont les bras de la nature, vigoureusement sculptés qui faisaient tout ce boulot. Et quelle besogne, l’homme est le frileux dans toute sa grandeur. Elle était fort plate, Grenoble. Elle avait laissé ses attributs féminins dans le massif des alentours et s’étalait bien plate sous mes pattes vagabondes. Quand l’été pointait son nez, elle nous serrait encore plus fort, on en étouffait un brin, tout de même. Mais je crois bien que les délices pompés d’un sein bien doux et mesuré, sait détourner un corps de cette sensation. La lourde sensation d’un corps transpirant sur un autre. Je m’étais installé sur la voleuse, il y a de cela quelques années, un moment bref, en somme, dans la vie d’un homme. J’avais espéré entamer